Génocide en Palestine : Vers un cinquième mois de guerre contre les civils

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, poursuit mardi sa tournée au Moyen-Orient pour tenter d’imposer un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée après quatre mois de guerre.
Antony Blinken, qui a commencé lundi en Arabie saoudite cette cinquième tournée régionale depuis le début de la guerre le 7 octobre, est arrivé en Egypte avant une étape au Qatar, deux pays médiateurs aux côtés de Washington, puis poursuivra son voyage dans les territoires occupés par l’entité sioniste et en Cisjordanie occupée. Les bombardements et les combats font rage pendant ce temps à Gaza, où le ministère de la Santé du Hamas a dénombré 107 morts depuis la veille. Dans le sud du territoire palestinien, des bombardements ont touché Khan Younès pendant la nuit et deux frappes ont visé Rafah. L’armée sioniste a indiqué être engagée dans des « combats rapprochés » à Khan Younès, une ville largement transformée en champ de ruines qui abrite, selon l’entité sioniste, des responsables du mouvement palestinien. Le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, originaire de Khan Younès, est « en fuite » et se déplace « de cachette en cachette », a affirmé lundi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. L’armée sioniste a déclaré mardi poursuivre son assaut dans cette ville, en particulier dans les quartiers ouest, et avoir tué la veille « des dizaines de terroristes » sans pourtant montrer de preuves filmées. Des frappes visent aussi la ville de Rafah, à l’extrême sud du territoire, où s’entassent dans des conditions désespérées plus de 1,3 million de personnes ayant fui les combats, selon l’ONU, sur une population totale de 2,4 millions d’habitants. L’armée sioniste « ne nous laisse d’autre choix que la mort ou le déplacement. Ils ont tué des enfants, des familles, ont détruit nos maisons, les rues et les villes », témoigne Riham Sharrab, une femme de 21 ans, qui a fui Khan Younès pour se réfugier à Rafah avec sa mère et ses trois sœurs. Le Premier ministre sioniste « Netanyahu menace d’envahir Rafah et utilise pour excuse la présence du Hamas. Mais le but est de détruire Rafah parce que c’est le seul endroit que l’occupation (Israël, ndlr) n’a pas encore détruit. L’entité sioniste ne s’arrêtera que quand il aura anéanti le peuple de Gaza », affirme Raed al-Bardani, un déplacé de 32 ans. Des milliers de civils arrivent encore chaque jour dans cette ville surpeuplée, située contre la frontière fermée avec l’Egypte. Les déplacés ne disposent plus que de 1,5 à 2 litres d’eau chacun par jour pour boire, cuisiner et se laver, selon l’ONU, et les cas de diarrhée chronique chez les enfants montent en flèche. La ville pourrait être le prochain objectif de l’armée sioniste qui affirme vouloir « anéantir » le mouvement islamiste alors que son vrai but est de tuer le maximum de civil après avoir pratiquement rasé tout Gaza. Rappelons que la guerre génocidaire a déjà fait 27.585 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Avec Netanyahu, M. Blinken doit notamment insister sur l’urgence de laisser entrer l’aide dans la bande de Gaza, placée en état de siège depuis le 9 octobre et plongée dans une crise humanitaire majeure. Lundi à Ryad, le secrétaire d’Etat s’était entretenu avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, de la nécessaire « coopération régionale pour parvenir à une fin durable » de la guerre à Gaza, selon un porte-parole du département d’Etat. Fin novembre, une première trêve d’une semaine avait permis l’entrée accrue d’aide humanitaire, la libération d’une centaine d’otages, sur les quelque 250 emmenés à Gaza le 7 octobre, et de prisonniers palestiniens. M. Blinken soutient à présent un projet de trêve des médiateurs qataris, américains et égyptiens élaboré à Paris fin janvier, qui doit encore être approuvé par le Hamas et l’entité sioniste. Selon une source du Hamas, la proposition prévoit une trêve de six semaines durant laquelle l’entité devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d’aide pourront entrer chaque jour dans le territoire. Or le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, exige un cessez-le-feu total. Or l’Etat hébreu continue d’affirmer qu’il ne mettra fin définitivement à son offensive qu’une fois le mouvement islamiste éliminé et les otages libérés. « Le Hamas a des exigences que nous n’accepterons pas », a déclaré lundi M. Netanyahu.
Le conflit à Gaza s’est aussi propagé dans la région avec des tensions entre d’un côté l’entité sioniste et ses alliés, et de l’autre l’Iran et ce qu’il présente comme l' »axe de la résistance » qui comprend, outre le Hamas, le mouvement islamiste libanais Hezbollah, des milices irakiennes et les rebelles houthis du Yémen. Les Houthis ont affirmé mardi avoir visé des navires américain et britannique lors de deux nouvelles attaques en mer Rouge.