Culture

Rajasthan -Les havelis, bijoux du patrimoine indien, tombent en ruines

 

Les resplendissantes demeures de Bikaner hébergeaient autrefois l’aristocratie et les riches marchands sillonnant les déserts du Rajasthan. Mais les temps ont changé et ces bijoux d’architecture dépérissent en silence dans l’Inde moderne. Bâties de grès rouge, ces villas emblématiques, appelées « havelis », sont célèbres pour les ornementations de leurs façades sculptées et leur raffinement. Ces demeures ont été construites à partir du XVe siècle par la noblesse locale. Nombre d’entre elles possèdent plusieurs étages, de larges balcons et de vastes pièces disposées autour d’une cour centrale où l’on vient échapper aux chaleurs accablantes du Rajasthan (ouest de l’Inde). Mais après des décennies de négligence, un grand nombre de ces monuments sont en ruines. « Beaucoup d’havelis ont disparu sous nos yeux », explique Gopal Singh, qui organise des marches de découverte du patrimoine dans la vieille ville de Bikaner, située à 400 kilomètres à l’ouest de la capitale New Delhi. À son apogée, Bikaner comptait un millier de ces havelis. « Ce qui existe est unique. Pas seulement pour l’architecture élaborée mais pour une telle concentration (d’havelis) dans un seul endroit », dit Gopal Singh.  Dans nombre d’autres villes, le patrimoine architectural des quartiers historiques tombe en décrépitude, oublié par le développement urbain. À Ahmedabad, principale métropole du Gujarat et la seule dont la vieille ville soit inscrite à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, un travail est en cours pour essayer de préserver les constructions anciennes présentant un intérêt historique. Mais à Bikaner, il n’y a pour cela ni l’argent ni l’intérêt. « Ça a été un long combat pour nous d’attirer l’attention du public et du gouvernement sur les havelis de Bikaner », raconte Gopal Singh. Plantée au milieu de déserts, la petite ville (600.000 habitants en 2011) ne figure pas sur l’itinéraire classique des touristes au Rajasthan. « Si les choses ne changent pas rapidement, nous pourrions ne plus avoir aucune de ces havelis d’ici vingt ans », met en garde Sunil Rampuria, dont la famille possède le Bhanwar Niwas, l’une des plus grandes havelis de la région et l’une des premières à avoir été transformées en hôtel. Face au délabrement progressif de leur propriété et à des coûts d’entretien exorbitants, certaines familles ont ainsi fait le choix de convertir leur demeure ancestrale en hôtel ou musée pour touristes. « Ils viennent ici et sont si ébahis et excités par les couleurs uniques, l’histoire et le style de notre maison », confie Rachna Mohta, qui promène des visiteurs dans la résidence palatiale vieille de 150 ans de sa famille. « Cela me rend fière », lance-t-elle.

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