En surfant sur la baisse des taux : Le prix de l’or atteint un nouveau record
Un nouveau record pour l’actif financier «refuge» numéro un. Ce vendredi, le cours de l’or a en effet atteint 2.609,74 dollars l’once. Un résultat qui intervient quelques jours après la décision de la Fed de réduire ses taux (une première depuis 2020). Pour rappel, le précédent record 2024 du métal jaune avait été atteint le 13 septembre, avec un prix de l’once à 2 570,33 dollars. Plusieurs facteurs expliquent cette bonne santé de l’or. Le plus évident : en tant que valeur refuge, le métal précieux profite de la faiblesse actuelle du dollar américain. Ceci étant dit, la baisse des taux directeurs des banques centrales du monde entier favorise aussi la dynamique du métal jaune. Et tout particulièrement celui de la Réserve fédérale américaine, qui, mercredi, a entamé son cycle d’assouplissement monétaire par une première baisse d’un demi-point de pourcentage. Le directeur de la gestion multi-actifs de BNP Paribas, Fabien Benchetrit, avait expliqué à ce sujet : «Les obligations devenant moins intéressantes, nombre d’investisseurs devraient de nouveau s’intéresser à l’or». Une tendance amplifiée par la baisse du dollar, «car il faudra moins de dollars pour acheter une certaine quantité d’or», créant une opportunité d’achat à prix cassé. Par ailleurs, en dehors de l’assouplissement monétaire mondial, depuis le gel des avoirs russe en dollars, «les banques centrales des pays émergents achètent beaucoup d’or pour être moins dépendantes du dollar. On parle de 1.000 tonnes par an contre 400 tonnes par an il y a quelques années», expliquait aussi à La Tribune, Alain Bokobza de la Société Générale, mi-septembre. Et selon, Jean-François Faure, fondateur et président du groupe AuCOFFRE, une plateforme d’achat-vente d’or, ce mouvement s’amplifie particulièrement chez les banques centrales de pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde, et la Chine (constituant le groupe des BRICS). Début août, il expliquait en effet à La Tribune que leurs banques centrales «poursuivent leur posture de se distancier du dollar en tant que réserve de change». De sorte que «l’or rentre aujourd’hui totalement dans cette stratégie et occupe à l’échelle mondiale la deuxième place comme réserve de change des banques centrales». Enfin, l’élection américaine vient aussi peser sur les comportements des investisseurs. «Les impondérables de l’élection de Trump sont aujourd’hui reconnus comme une vraie motivation à acheter de l’or d’ici à la fin de l’année pour contrer d’éventuels chocs en 2025 (…). Si les Etats-Unis se désintéressent des sujets géopolitiques (Taïwan, Ukraine, Proche-Orient), ou prennent leur distance, nul doute que l’or prendra de la valeur», assurait l’expert. Si la valeur de l’once d’or est au plus haut, la demande a tout de même ralenti ces derniers mois, notamment à cause du ralentissement des économies développées, dont la Chine et l’Inde. D’avril à juin de cette année, la demande en or a ainsi reculé de 6% sur un an, à 929 tonnes. Cette baisse des volumes n’est pas totalement compensée par les prix plus chers de l’or, notent les experts. Au contraire, le secteur de la bijouterie, plus gros segment de la demande mondiale d’or, a fortement pâti des records de prix du métal précieux au deuxième trimestre, retombant à des niveaux d’achats qui n’avaient plus été observés depuis la pandémie de Covid-19. Les achats de bijoux ont ainsi chuté de 19% dans le monde, sur un an, à 390,6 tonnes, d’après le rapport trimestriel du Conseil mondial de l’or (CMO). En particulier sur la demande de bijoux indienne qui s’est effondrée de 17% en glissement annuel. «Les prix élevés de l’or ont eu un impact négatif sur la demande» en bijoux, qui leur est fortement corrélée, précisait début août Krishan Gopaul, analyste pour le Conseil mondial de l’or (CMO), interrogé par l’AFP.