Semaine cruciale en Chine où s’est ouverte lundi matin une réunion du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire.
Les principaux responsables de cet organe suprême du Parlement chinois doivent élaborer un plan de relance pour la deuxième puissance économique mondiale qui est en perte de vitesse. Les analystes ont les yeux rivés sur ce rendez-vous, dont ils espèrent qu’il ressortira enfin un grand programme d’investissements chiffrés. Car, si le gouvernement chinois a annoncé ces dernières semaines plusieurs salves de mesures, les marchés ne les ont pas jugées assez fortes. Parmi elles, des baisses de taux d’intérêt, notamment pour les prêts immobiliers existants. Mais aussi des assouplissements de restrictions sur l’achat de logements. Le comité permanent va désormais examiner et approuver toutes ces législations annoncées, dont celles relatives au budget. « Nous nous attendons à davantage de détails sur les propositions qui seront adoptées », indique Heron Lim, analyste pour Moody’s Analytics. Notamment sur « la manière dont ce financement supplémentaire serait alloué afin de répondre aux problèmes économiques à court terme ». Les économistes de Nomura s’attendent, en effet, à ce que les législateurs approuvent un budget supplémentaire. À savoir une enveloppe d’environ 1.000 milliards de yuans (129 milliards d’euros), principalement destiné aux collectivités locales endettées. L’épineuse question de la gestion par les gouvernements locaux de leur dette sera également au programme. Des analystes anticipent en outre une aide exceptionnelle de 1.000 milliards de yuans pour les banques. Celle-ci servirait à résoudre le problème des prêts non performants de ces quatre dernières années. « Beaucoup d’argent servira à couvrir les pertes. Ce ne sera pas vraiment destiné à stimuler la croissance », prévient Alicia Garcia Herrero, de Natixis. De potentielles mesures concrètes devraient être annoncées vendredi, à l’issue de la réunion. D’ici là, les résultats de la lutte pour la Maison blanche entre Donald Trump et Kamala Harris devraient être connus – l’élection a lieu ce mardi 5 novembre. « Nous pensons que les résultats des élections américaines auront une certaine influence sur l’ampleur du plan de relance de Pékin », indique dans une note Ting Lu, économiste en chef de Nomura pour la Chine. Surfant sur le sentiment anti-chinois dans la classe politique américaine, les deux candidats se sont engagés à continuer de mettre Pékin sous pression. Donald Trump a par exemple promis d’imposer des droits de douane de 60% sur tous les produits chinois entrant aux États-Unis. Dans ce contexte, les économistes de Nomura s’attendent à ce que la Chine ajuste ses mesures de relance en fonction du résultat électoral. « L’ampleur des mesures de relance budgétaire (…) pourrait être de 10 à 20% supérieure en cas de victoire de Trump », présage Ting Lu. L’analyste rappelle néanmoins que « les principaux défis pour Pékin viennent de Chine plutôt que de l’étranger ». Le pays est notamment confronté à une crise d’ampleur de ses secteurs de la construction et de l’immobilier, longtemps ses moteurs de croissance. Les promoteurs immobiliers souffrent depuis 2020 d’un durcissement par Pékin des conditions d’accès au crédit. Une décision qui a entraîné la mise à l’arrêt de chantiers, désormais inachevés. Et surtout un recul des prix qui déprécie la valeur d’un bien, dissuadant les Chinois d’investir dans la pierre. Cette situation pèse sur la confiance des ménages. « Le consommateur chinois moyen qui a un prêt immobilier n’a pas l’impression que son pouvoir d’achat augmente », souligne ainsi Heron Lim de Moody’s Analytics. Une lueur d’espoir existe néanmoins : le prix moyen des logements neufs a légèrement augmenté le mois dernier, selon le cabinet China Index Academy. Et le gouvernement a récemment annoncé des mesures en faveur des chantiers inachevés. Notamment une augmentation des crédits leur étant destinés afin de les relancer. Reste que les difficultés économiques de la Chine ne se limitent pas à des logements vides. Le pays est en effet confronté à plusieurs difficultés bien au-delà des seuls secteurs de la construction et de l’immobilier. La consommation des ménages est atone, la dette publique galopante et les prix faibles. « L’économie dans son ensemble perd de sa productivité en raison d’une mauvaise répartition de l’argent public », notamment en matière de politique industrielle et de subventions, estime Alicia Garcia Herrero. « Tout cela doit véritablement être changé », martèle-t-elle. Autant de facteurs qui menacent l’objectif fixé par le gouvernement d’une croissance du produit intérieur brut (PIB) « d’environ 5% » pour 2024. Le plan de relance actuellement en préparation pourrait changer la donne.




