France : Le triste record de défaillances d’entreprises est atteint
Les défaillances d’entreprises ont atteint un nouveau record en octobre. Leur nombre cumulé sur douze mois s’est établi à 64.650 le mois dernier, du jamais vu, contre 64.191 en septembre, selon les chiffres de la Banque de France publiés ce vendredi. En rythme annuel, ce nombre a augmenté de 21%, ce qui traduit toutefois une décélération par rapport à septembre (24%), souligne l’institution. «Cette hausse est en partie un rattrapage, après le fort ralentissement des défaillances pendant la période Covid (2020-2021)», explique la Banque de France dans son communiqué. Pour rappel, les aides d’État avaient fait plonger les défaillances pendant la pandémie : environ 50.000 au total, si on compare avec la moyenne des dix années précédentes, auraient été évitées en 2020, 2021 et 2022. Le nombre de défaillances d’entreprises cumulé sur douze mois fait toutefois plus que dépasser sa moyenne d’avant-crise, qui s’établissait à 59.342 entre 2010 et 2019, selon les chiffres de la Banque de France. Le chiffre d’octobre est ainsi supérieur de 8,9% à cette moyenne. Dans le détail, ce sont dans les activités immobilières (40,4%), le transport et l’entreposage (40%), les activités financières et d’assurance (30,9%) et dans la construction (28,4%) que cette hausse a été la plus forte sur un an. Les faillites ont augmenté de 23,8% dans les conseils et services aux entreprises, 19,5% dans l’information et la communication, 18,9% dans le commerce et la réparation automobile, 14,9% dans l’hébergement et la restauration et 14,5% dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche. Enfin, la hausse est de 9,2% dans l’industrie ainsi que dans l’enseignement, la santé, l’action sociale et le service aux ménages. «Plus que le nombre, c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller», avait souligné le directeur des études Altares, Thierry Millon, auprès de l’AFP, car leurs difficultés «font peser un risque fort sur l’économie et l’emploi des territoires». Les moyennes entreprises sont celles qui souffrent le plus avec une hausse de 46,4% du nombre de défaillances d’entreprises cumulé sur douze mois en octobre. Suivent les petites entreprises (30,9%), les très petites entreprises (25,3%) puis les microentreprises et entreprises de taille indéterminée (20,4%). Ces chiffres sont relativement stables pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (8,6%). Au total, les quelque 65.000 défaillances prévues en 2024 ne constituent pas «un tsunami», mais représentent quand même «le niveau le plus élevé des 15 dernières années», remarquait il y a un mois le groupe bancaire BPCE dans une étude. Julien Laugier, économiste au groupe BPCE, avait jugé que «l’actuelle vague de défaillances n’est pas du tout alimentée par la vague de créations d’entreprises», puisque «plus de la moitié des PME-ETI défaillantes ont plus de dix ans». Selon BPCE, 250.000 emplois sont actuellement menacés par les défaillances. Celles-ci s’ajoutent à un budget qui inquiète la Confédération des PME. «Augmentation du coût de l’embauche d’un apprenti, des charges au niveau du SMIC, transfert vers les entreprises d’une partie de l’indemnisation des arrêts maladies» : «Cela ne sera pas sans conséquence sur l’activité économique», prévient-elle.