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Selon un constat dressé par la BRI : Les dettes des Etats, «la plus sérieuse menace» pour l’économie mondiale

La France apparaît aux yeux de la Banque des règlements internationaux comme une illustration «claire» de la menace que représente l’aggravation de la dette publique.

Le constat dressé par la Banque des règlements internationaux (BRI), considérée comme la banque centrale des banques centrales, est alarmiste. Depuis plusieurs années, l’institution met en garde contre les niveaux élevés de dettes des entreprises et des Etats qui se sont accumulées lors de la longue période de taux d’intérêts bas. «La trajectoire de la dette publique constitue la plus sérieuse menace pour la stabilité macroéconomique et financière à long terme», a asséné Claudio Borio, chef du département monétaire et économique de la BRI, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication mardi de son rapport trimestriel. «Les dettes souveraines sont une des plus grandes menaces, voire la plus grande menace à l’avenir, pour l’économie mondiale», a-t-il d’ailleurs insisté. «A un certain moment, même si nous ne pouvons pas encore prédire quand, les marchés financiers y prêteront encore plus d’attention à moins que les autorités ne corrigent le cap», a-t-il ajouté. Même si selon lui, il y a cependant «des signes que les marchés financiers sont en train de commencer à réaliser qu’ils vont devoir absorber ces volumes grandissants de dette publique». Dans le rapport publié mardi, la BRI note par ailleurs que l’optimisme a tout de même continué de prévaloir sur les marchés financiers ces derniers mois «en dépit de risques persistants». Les indices boursiers aux Etats-Unis ont atteint des plus hauts historiques à l’issue de l’élection présidentielle, même si les performances ont été plus mitigées sur d’autres marchés, nuance-t-elle. Certains indicateurs sur le marché obligataire vont cependant dans le sens d’un plus «grand inconfort des investisseurs», avertit-elle. La BRI a notamment cité la volatilité des bons du Trésor américain. Celle-ci semble témoigner que les investisseurs réclament «une plus grande compensation du risque» pour détenir des emprunts d’Etat à long terme, écrit-elle dans son rapport trimestriel. De plus en plus d’institutions mettent en garde contre l’aggravation de la dette américaine. Le mois dernier, le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a alerté du possible dérapage outre-Atlantique sous la présidence Trump. La dette pourrait s’envoler, avec 15.000 milliards de dollars supplémentaires sur la prochaine décennie, selon le Comité pour un budget fédéral responsable (CRFB). Pour rappel, la dette publique totale équivaut à 125% du PIB américain en 2024 et le déficit budgétaire a grimpé cette année à 6,4% du PIB, contre 6,2% en 2023. Si la BRI se refuse à d’autres commentaires détaillés par pays, la France est, par ailleurs, à ses yeux une illustration «claire» de la menace que représente la dette publique. En effet, avec un déficit cette année qui devrait dépasser les 6% du PIB, la France affiche la pire performance des Vingt-Sept à l’exception de la Roumanie, très loin du plafond de 3% autorisé par l’UE. Ce qui lui a valu d’être placé en procédure pour déficit excessif en juin. D’autant que l’instabilité politique n’arrange pas les affaires de la France à Bruxelles. Dans son projet de budget, le ministre démissionnaire Michel Barnier comptait réduire le déficit à 5% en 2025 et en dessous de 3% en 2029. C’était sans compter la motion de censure votée par l’opposition la semaine dernière, qui laisse le pays sans loi projet de loi de finances (PLF) pour 2025. Même si les marchés ont gardé leur sang-froid face à cette crise politique, le poids des mauvaises nouvelles s’accumule depuis le début de l’année pour la France : un déficit public beaucoup plus lourd que prévu, des difficultés à réaliser des économies, des perspectives politiques peu réjouissantes… Toutes ces incertitudes ont fait fortement grimper le niveau du «spread» après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, le faisant doubler par rapport à son niveau de mars dernier, et renchérissent le poids du remboursement de la dette française, à un niveau historiquement élevé. L’agence de notation Moody’s qui a signalé fin octobre qu’elle envisageait d’abaisser sa note pour la France, a dit craindre un cocktail «négatif» entre «des déficits plus élevés, un poids de la dette alourdi et des coûts de financements plus hauts, avec des besoins annuels d’emprunts significatifs». L’OCDE a également nettement revu en baisse la semaine dernière sa prévision de croissance en France pour l’an prochain, la faisant passer de 1,2% à 0,9%.

 

 

 

 

 

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