Pour ses achats de pétrole russe..L’Inde menacée une nouvelle fois par Trump de lourds tarifs douaniers
Le président américain Donald Trump a de nouveau menacé lundi d’augmenter les droits de douane sur les produits indiens en raison des achats de pétrole russe par New Delhi, tandis que l’Inde a qualifié cette attaque d’«injustifiée» et promis de défendre ses intérêts économiques, accentuant ainsi les tensions commerciales entre les deux pays. Dans une publication sur les réseaux sociaux, Trump a écrit : «L’Inde n’achète pas seulement d’énormes quantités de pétrole russe, elle revend ensuite, pour une grande partie du pétrole acheté, sur le marché libre afin d’en tirer d’importants profits. Ils se moquent du nombre de personnes tuées en Ukraine par la machine de guerre russe». «En conséquence, j’augmenterai considérablement les tarifs payés par l’Inde aux États-Unis», a-t-il ajouté. Un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères a répondu que l’Inde «prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts nationaux et sa sécurité économique». «Le ciblage de l’Inde est injustifié et déraisonnable», a ajouté le porte-parole. Trump a déclaré qu’à partir de vendredi, il imposerait de nouvelles sanctions à la Russie ainsi qu’aux pays achetant ses exportations énergétiques, à moins que Moscou ne prenne des mesures pour mettre fin à sa guerre de trois ans et demi avec l’Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine n’a montré aucun signe public de changement de position malgré cette échéance. Ce week-end, deux sources gouvernementales indiennes ont indiqué à Reuters que l’Inde continuerait d’acheter du pétrole à la Russie en dépit des menaces de Trump. L’Inde subit des pressions de la part des Occidentaux pour qu’elle prenne ses distances avec Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie début 2022. New Delhi a résisté, invoquant ses liens historiques avec la Russie et ses besoins économiques. Trump avait déjà annoncé en juillet des droits de douane de 25 % sur les importations indiennes, et des responsables américains ont évoqué une série de questions géopolitiques qui entravent la conclusion d’un accord commercial entre les États-Unis et l’Inde. Trump a également qualifié le groupe BRICS, qui regroupe plusieurs pays en développement, d’hostile aux États-Unis. Ces nations ont rejeté cette accusation, affirmant que le groupe défend les intérêts de ses membres et des pays en développement en général. L’Inde est le plus grand acheteur de pétrole brut russe transporté par voie maritime, important environ 1,75 million de barils par jour de pétrole russe de janvier à juin cette année, soit une hausse de 1 % par rapport à l’an dernier, selon des données fournies à Reuters par des sources commerciales. L’Inde a commencé à importer du pétrole russe parce que ses fournisseurs traditionnels ont été redirigés vers l’Europe après le déclenchement du conflit en Ukraine, a expliqué le porte-parole indien, évoquant «une nécessité dictée par la situation du marché mondial». Le porte-parole a également souligné les échanges bilatéraux entre l’Occident, en particulier l’Union européenne, et la Russie : «Il est révélateur que les nations qui critiquent l’Inde commercent elles-mêmes avec la Russie». Malgré la défiance affichée par le gouvernement indien, les principaux raffineurs du pays ont suspendu leurs achats de pétrole russe la semaine dernière, ont indiqué des sources à Reuters. Les remises accordées par d’autres fournisseurs se sont réduites après que Trump a menacé d’imposer de lourds droits de douane aux pays effectuant de tels achats. Les responsables indiens ont toutefois nié tout changement de politique. La plus grande société de raffinage du pays, Indian Oil Corp, a acheté 7 millions de barils de brut aux États-Unis, au Canada et au Moyen-Orient, ont rapporté lundi quatre sources commerciales à Reuters. L’Inde a également exprimé sa frustration face au fait que Trump s’attribue à plusieurs reprises le mérite du cessez-le-feu entre l’Inde et le Pakistan, qu’il avait annoncé sur les réseaux sociaux en mai et qui avait mis fin à plusieurs jours d’hostilités entre les deux puissances nucléaires voisines. L’imprévisibilité de l’administration Trump constitue un défi pour New Delhi, estime Richard Rossow, responsable du programme Inde au Center for Strategic and International Studies à Washington. «Les achats continus d’énergie et de matériel de défense de l’Inde à la Russie posent un défi plus large, car l’Inde a le sentiment de ne pas pouvoir prévoir la manière dont l’administration Trump abordera la Russie d’un mois à l’autre», a-t-il déclaré.
