La dette publique aurait augmenté de 113 % du PIB cette année : Des mois de chaos vont paralyser la France pendant des années
La chute du gouvernement de Michel Barnier cette semaine a plongé la France dans le chaos politique. Même dans un scénario optimiste où le chaos ne durerait que quelques mois, les conséquences sur l’économie pourraient durer des années. Le Parlement français a rejeté un budget qui n’était que la première étape d’un processus pluriannuel visant à contrôler la hausse de la dette du pays. Ironiquement, ces mesures ont été approuvées par la Commission européenne quelques jours avant le vote de défiance de cette semaine. Selon ce plan, la dette publique aurait augmenté de 113 % du PIB cette année à plus de 116 % en 2028, et aurait commencé à diminuer, quoique lentement, par la suite. Le budget de l’Etat français est conditionné à une réduction du déficit public à 5% du PIB en 2025, contre plus de 6% cette année. Les concessions faites par Barnier ces dernières semaines pour convaincre les députés de soutenir son budget se sont élevées à quelque 10 milliards d’euros, soit environ 0,4% du PIB. La dette est déjà en passe de dépasser 120% du PIB en 2028. Si aucune mesure n’est prise pour maîtriser les finances publiques, le déficit atteindra 7% du PIB l’an prochain, selon le gouvernement français. Dans ce cas, la charge de la dette atteindrait environ 125% du PIB d’ici la fin de la décennie. Ces prévisions se fondent sur les hypothèses généreuses du gouvernement concernant la croissance, qui devrait atteindre 1,1% l’an prochain, alors que la Commission européenne table sur 0,8%. Sans plan sérieux, l’augmentation inexorable de la dette au cours de la prochaine décennie déclenchera un conflit majeur avec Bruxelles et les partenaires de la France au sein de l’Union européenne. Et cela nécessitera une cure d’austérité bien plus dure que la version modérée proposée par Barnier. La crise politique a déjà un coût économique. L’incertitude fait que les entreprises seront réticentes à investir. Le niveau de confiance des entreprises françaises est déjà inférieur à la moyenne de la zone euro. Et les consommateurs ne semblent pas non plus pressés de profiter de la baisse de l’inflation : ils mettent de l’argent de côté à un rythme jamais vu depuis la fin des années 1970, leur taux d’épargne s’établissant désormais à 19 %, constate Gilles Moëc, chef économiste d’AXA. Alors que les deux principaux moteurs de la croissance économique stagnent, le gouvernement verra ses recettes fiscales diminuer puisque le troisième moteur – les exportations – n’est pas taxé. La mise en place d’un budget raisonnable et favorable à la croissance, compte tenu de l’état des finances françaises, serait une tâche particulièrement ardue, même pour un gouvernement fort soutenu par une majorité stable. Pour le prochain Premier ministre français, ce sera plutôt une mission impossible. Le président français Emmanuel Macron a déclaré le 5 décembre qu’il nommerait dans les prochains jours un nouveau Premier ministre, dont la priorité sera de faire adopter un budget 2025 par le Parlement. Macron s’exprimait au lendemain de l’effondrement du gouvernement du Premier ministre Michel Barnier après un vote de défiance des députés de gauche et d’extrême droite. Le président français a nié toute responsabilité dans la crise politique, après avoir convoqué en juin des élections anticipées surprises qui ont conduit à un parlement sans majorité absolue. Il a également assuré qu’il ne démissionnerait pas et s’est engagé à effectuer l’intégralité de son mandat de cinq ans jusqu’en 2027.