Selon un rapport gouvernemental : La croissance économique de l’Inde devrait ralentir
L’Inde, l’une des économies à la croissance la plus dynamique du monde, s’apprête à ralentir en 2025. Selon un rapport gouvernemental publié vendredi, la croissance économique du pays devrait s’établir entre 6,3 % et 6,8 % pour l’exercice budgétaire à venir, marquant un net repli par rapport aux 8,2 % enregistrés en 2023-2024. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs : une contraction des investissements dans les infrastructures, un ralentissement du secteur manufacturier et une consommation urbaine en berne. Si ce ralentissement était anticipé par les experts, il soulève néanmoins des interrogations à la veille de la présentation du budget annuel par le gouvernement de Narendra Modi. Ce dernier, élu pour un troisième mandat en juin dernier, devra faire face à une équation complexe : maintenir un cap de développement ambitieux tout en répondant aux incertitudes géopolitiques et aux contraintes économiques internes. Depuis les réformes de 1991, qui ont marqué la transition de l’Inde d’une économie protectionniste et socialiste à une économie plus ouverte et libérale, le pays a connu une ascension remarquable. En adoptant une stratégie reposant sur la libéralisation, la privatisation et la mondialisation, l’Inde est devenue la cinquième puissance économique mondiale et affiche l’une des plus fortes croissances parmi les grandes nations. Le FMI prévoit encore une expansion de 6,8 % en 2024, devant la Chine (4,6 %). Cependant, certains secteurs restent fragiles. L’emploi, en particulier chez les jeunes, demeure un défi majeur. Selon le Center for Monitoring Indian Economy (CMIE), le chômage des 20-24 ans a atteint 45 % fin 2023, un taux qui inquiète les décideurs économiques. Pour y remédier, le gouvernement a mis en place des politiques économiques volontaristes, dont les initiatives «Make in India» et «Une Inde autosuffisante», visant à booster l’industrialisation et attirer les investissements étrangers. Le ralentissement actuel trouve ses racines dans plusieurs facteurs conjoncturels et structurels. La croissance a été freinée par un affaiblissement de la consommation intérieure, une inflation persistante, et des tensions commerciales mondiales. À cela s’ajoute l’incertitude géopolitique avec la Chine. Si les relations entre Pékin et New Delhi connaissent un léger réchauffement au cours des dernières semaines – avec notamment la reprise des vols directs et un dialogue diplomatique renforcé -, des contentieux subsistent, notamment autour du projet chinois de méga-barrage au Tibet, qui menace l’accès à l’eau pour des millions d’Indiens. Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est une autre source d’incertitude pour l’Inde. L’administration américaine pourrait relancer une guerre commerciale avec la Chine, incitant New Delhi à redéfinir sa stratégie économique et commerciale. L’Inde, qui a longtemps cherché à limiter sa dépendance à la Chine tout en maintenant un équilibre avec les États-Unis, pourrait être contrainte de prendre des décisions stratégiques cruciales. Face à ce contexte, le gouvernement indien est attendu au tournant. Plusieurs analystes anticipent des mesures pour soutenir la consommation et stimuler l’investissement. Parmi les pistes évoquées figurent une réduction des impôts sur le revenu des particuliers et des incitations pour relancer l’investissement privé. L’objectif affiché reste ambitieux : faire de l’Inde une puissance économique développée d’ici 2047, année du centenaire de son indépendance. L’Inde est également en pleine mutation industrielle. En 2024, elle a capté un quart des investissements industriels mondiaux, un record. Pourtant, son intégration dans le commerce international demeure limitée en raison de barrières tarifaires élevées. La Banque mondiale a récemment souligné que les droits d’importation indiens avaient atteint 18,1 % en 2022, freinant son insertion dans l’économie mondiale.