Économie

Royaume-Uni : Le gouvernement face à un choix crucial entre santé et autres dépenses publiques

Le principal enjeu de la revue pluriannuelle des dépenses prévue la semaine prochaine pour la ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, sera de déterminer le niveau d’investissement dans le secteur de la santé par rapport aux autres services publics, a averti hier, dimanche, le think tank Institute for Fiscal Studies (IFS). Rachel Reeves doit présenter, le 11 juin, les plafonds de dépenses courantes pour les autres ministères, des limites qui s’étendront jusqu’à la fin mars 2029, soit presque jusqu’au terme attendu du mandat du gouvernement travailliste. Depuis 1998, le Royaume-Uni procède à des revues périodiques des dépenses publiques, mais il s’agira de la première couvrant plusieurs années depuis 2015, hormis celle de 2021 axée sur la pandémie de COVID-19. L’IFS, organisme indépendant, estime que cette revue des dépenses pourrait s’avérer « l’un des événements de politique intérieure les plus significatifs » pour l’actuel gouvernement travailliste. Selon l’IFS, l’annonce faite en février par le Premier ministre Keir Starmer, portant les dépenses de défense à 2,5 % du revenu national d’ici 2027, a déjà absorbé la marge de manoeuvre pour accroître l’investissement public créée lors du budget d’octobre de Reeves. « Il sera impossible de donner la priorité simultanément à des investissements supplémentaires dans les services publics, la neutralité carbone et les secteurs favorables à la croissance », a prévenu Bee Boileau, économiste à l’IFS. D’après les plans budgétaires présentés en octobre par Reeves, les dépenses publiques hors investissement devraient progresser de 1,2 % par an, hors inflation, entre 2026-27 et 2028-29, soit un rythme deux fois moins rapide que celui observé lors des deux derniers exercices. L’IFS ne voit aucune possibilité d’augmenter ces enveloppes, les règles budgétaires de Reeves ne laissant quasiment aucune marge pour un endettement supplémentaire, tandis que les hausses d’impôts sont désormais limitées à sa déclaration budgétaire annuelle. Cette situation oblige Reeves et Starmer à trancher entre les besoins du système de santé publique – confronté à des délais d’attente record et à une baisse de productivité depuis la pandémie – et ceux des autres secteurs déjà sous pression. Lors des précédentes revues, la dépense annuelle pour la santé a généralement progressé 2 points de pourcentage plus vite que la dépense totale. Si ce scénario se répète – soit une hausse annuelle de 3,4 % -, les budgets des autres ministères devraient baisser de 1 % par an en termes réels, anticipe l’IFS. Augmenter les dépenses de santé au même rythme que les autres secteurs – une hausse de 1,2 % – permettrait tout juste de suivre le vieillissement de la population, sans pour autant enrayer la dégradation récente de la qualité des services, selon l’IFS. Les coupes pourraient passer par une réduction de l’offre de services publics, une diminution des effectifs ou une baisse réelle des salaires dans la fonction publique, précise le think tank. Mais il met en garde : le gouvernement doit détailler précisément comment il compte réaliser ces économies, sous peine de voir les marchés financiers douter de sa capacité à maîtriser l’endettement. Cette revue ne concerne pas les dépenses liées aux retraites ou à d’autres prestations sociales, qui font l’objet de mesures distinctes.

 

 

 

 

 

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