Génocide en Palestine : Plus de 100 ONG mettent en garde contre une « famine de masse » dans la bande de Gaza
Plus de 100 ONG ont mis en garde hier, mercredi, contre la propagation d’une « famine de masse » dans la bande de Gaza, dévastée par plus de 21 mois de guerre, les Etats-Unis annonçant une nouvelle mission de l’émissaire Steve Witkoff pour discuter d’un couloir humanitaire.
L’armée sioniste a poursuivi ses bombardements quotidiens dans la bande de Gaza et dit avoir frappé des dizaines de « cibles terroristes », la Défense civile du territoire palestinien faisant état de 10 morts. Quelques 80 morts ont été encore enregistrés hier, alors que l’entité sioniste fait face à une pression internationale accrue surtout au sujet du désastre humanitaire dans la bande de Gaza, où quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Un blocus total imposé en mars par l’entité sioniste à la bande de Gaza et très partiellement assoupli fin mai a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant.
« C’est la souffrance pour nourrir mes enfants. Je risque ma vie pour leur apporter un sac de farine », raconte Mohamed Abou Jabal, un déplacé palestinien à Beit Lahia (centre), qui a cogné sa tête contre une roue de camion en récupérant un sac de farine. Là, des dizaines de Palestiniens courent derrière un grand camion plateau transportant des sacs de farine et circulant sur une route, selon des images de l’AFP. Des hommes montent à bord et s’emparent de sacs ou se les arrachent dans une scène chaotique. « Nous sommes en train de mourir, ayez pitié de nous, nous voulons manger », a ajouté Mohamed Abou Jabal. « Nous dormons l’estomac vide, nous avons faim ! On n’en peut plus », a lancé un autre Palestinien un sac de farine sur le dos.
Mardi, un hôpital de la bande de Gaza a affirmé que 21 enfants étaient morts de malnutrition ou de faim en 72 heures. La veille 19 personnes sont mortes de faim, majoritairement des enfants. « Alors qu’une famine de masse se propage dans la bande de Gaza, nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », ont indiqué dans un communiqué des ONG parmi lesquelles Médecins sans frontières, Médecins du monde, Caritas, Amnesty international ou encore Oxfam international, en appelant à un cessez-le-feu immédiat et à l’ouverture des passages pour l’aide humanitaire. Le stade 5 de la privation de nourriture a été déclaré, ce qui signifie que dans quelques jours la morts frappera par centaines puis par milliers alors que les survivants auront des séquelles cérébrales et autres à vie. Ils grandiront handicapés, diminués, sur tous les plans.
« Juste à l’extérieur de la bande de Gaza, dans des entrepôts et même à l’intérieur, des tonnes de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales, de matériel d’hébergement et de carburant restent inutilisées, les organisations humanitaires étant empêchées d’y accéder ou de les livrer », ont-elles ajouté.
La malnutrition atteint des niveaux alarmants dans la bande de Gaza en guerre, touchant particulièrement les enfants, a alerté l’ONU, qui déplore l’entrée au compte-gouttes de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.
La Défense civile de la bande de Gaza a déclaré avoir constaté une augmentation du nombre de décès de nourrissons causés par « la faim et la malnutrition sévères », signalant au moins le décès de trois bébés la semaine écoulée. « Ces cas déchirants ne sont pas dus à des bombardements directs, mais à la famine, au manque de lait maternisé et à l’absence de soins de santé de base », a déclaré le porte-parole de cette organisation, Mahmoud Bassal.
L’Etat hébreu avait imposé un blocus total sur la bande de Gaza début mars, n’autorisant aucune entrée d’aide sur le territoire jusqu’à ce que des camions soient à nouveau autorisés à y entrer au compte-gouttes fin mai. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a déclaré samedi qu’elle avait des stocks pour nourrir les plus de deux millions d’habitants de Gaza pendant plus de trois mois, mais qu’elle n’était pas autorisée à les acheminer dans le territoire. Médecins sans frontières (MSF) a déclaré la semaine dernière que ses équipes dans la bande de Gaza constataient le plus grand nombre de cas de malnutrition jamais enregistré par ses équipes dans cette région. « En raison de la malnutrition généralisée chez les femmes enceintes et du mauvais état des installations sanitaires, de nombreux bébés naissent prématurément », a déclaré Joanne Perry, médecin de MSF, depuis Gaza, dans un communiqué. « Notre unité de soins intensifs néonatals est surchargée, avec quatre à cinq bébés partageant une seule couveuse », a-t-elle ajouté. « J’ai toujours faim (…) Mon père (…) promet qu’il m’apportera quelque chose, mais il n’y a rien », a raconté Amina Wafi, une petite fille de 10 ans originaire de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. « J’ai peur de mourir de faim », a-t-elle ajouté.
L’armée sioniste nie bloquer les aides alors que des vidéos montrent des camions pillés par les colons sionistes sous l’œil des soldats. Elle a affirmé mardi dernier que 950 camions transportant de l’aide se trouvaient dans la bande de Gaza et accusé les organisations humanitaires qui, selon elle, ne se pressaient pas de les collecter et distribuer. Les ONG, elles, dénoncent de nombreuses restrictions sionistes. « Nous n’avons pas identifié de famine à ce stade, mais nous comprenons qu’une action est nécessaire pour stabiliser la situation humanitaire », a dit un haut responsable sioniste de la sécurité non identifié, cité par le quotidien « Times of Israel ».
L’Etat hébreu accuse le Hamas d’exploiter la souffrance de la population civile, notamment en volant la nourriture, ce que le mouvement dément. L’ONU a, quant à elle, accusé l’armée sioniste d’avoir tué dans la bande de Gaza depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui cherchaient à obtenir de l’aide humanitaire, en grande majorité près de centres de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et l’entité sioniste.
Dans ce contexte, Witkoff se rend cette semaine en Europe et pourrait ensuite aller au Moyen-Orient, selon des responsables américains. Son objectif est de parvenir à « un nouveau cessez-le-feu, ainsi qu’à un couloir humanitaire pour l’acheminement de l’aide » dans la bande de Gaza, d’après le département d’Etat. « La famine frappe à toutes les portes » dans l’enclave, a affirmé mardi le patron de l’ONU Antonio Guterres. Lancées début juillet, les négociations indirectes entre l’entité sioniste et le Hamas sur une trêve n’avancent pas. L’entité sioniste veut chasser le Hamas de la bande de Gaza et prendre le contrôle du territoire. Le Hamas accepte de se retirer de la scène politique mais réclame le retrait des forces sionistes de la bande de Gaza et l’arrêt de la guerre.
