Soudan: Demande d’une aide humanitaire pour les enfants
De hauts responsables des Nations Unies ont appelé vendredi dernier à une augmentation des financements et à une réduction des formalités administratives pour aider les quelque 14 millions d’enfants au Soudan.
Les combats entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont récemment franchi le cap des 100 jours. Au total, 24 millions de personnes dans le pays ont besoin d’aide. Ted Chaiban, directeur général adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour l’action humanitaire et les opérations d’approvisionnement, a exprimé l’espoir que les pourparlers en cours en Arabie saoudite aboutissent à une cessation des hostilités. Il a indiqué que le conflit menaçait la vie et l’avenir des enfants et des jeunes, qui représentent plus de 70% de la population du Soudan. « J’ai vu l’ensemble des atrocités commises contre les enfants et les femmes pendant les jours les plus sombres du conflit du Darfour, il y a 18 ans. (…) Et je pense que nous sommes profondément préoccupés par le fait que nous pourrions assister à une répétition de ces jours terribles », a-t-il déploré.
Selon M. Chaiban, près de 14 millions d’enfants ont désespérément besoin d’une aide humanitaire, ce qui équivaut à l’ensemble des enfants de Colombie, de France, d’Allemagne ou de Thaïlande. Quelque 1,7 million d’entre eux ont été chassés de chez eux, s’ajoutant aux quelque 2 millions qui étaient déjà déracinés avant la crise. Par ailleurs, 3 millions d’enfants soudanais de moins de cinq ans souffrent de malnutrition et 700.000 d’entre eux risquent de souffrir de malnutrition aiguë sévère et de mortalité. Quelque 1,7 million d’enfants pourraient être privés de vaccinations essentielles, ce qui augmente le risque d’épidémies.
De nombreuses personnes ont afflué à Port-Soudan, la ville située sur la mer Rouge où les Nations Unies ont établi une plateforme peu après l’éclatement des combats. Les arrivants sont hébergés par des familles et des amis qui peuvent à peine subvenir à leurs propres besoins alors que les loyers montent en flèche et que les fonctionnaires ne sont pas payés, a fait savoir Edem Wosornu, directrice de la division des opérations et du plaidoyer du Bureau des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). Elle a rencontré des femmes à Port-Soudan et dans la ville voisine de Sinkat. Ces femmes ont parlé de leurs maisons « détruites en une minute » ou des difficultés d’accès à des médicaments vitaux tels que l’insuline.
Les humanitaires ont atteint au moins 2,5 millions de personnes entre avril et juin. Mais leur objectif est de 18 millions, ce qui souligne la nécessité d’un soutien financier accru et d’un allègement des formalités administratives. « Dans l’ensemble, je pense que le message est que nous ne pouvons pas accepter le tribut que cette guerre fait payer aux enfants du Soudan, à leurs familles et à l’avenir », a conclu M. Chaiban.