Les sionistes visent les mêmes desseins qu’en 1948
Par Jonathan Cook
L’entité sioniste procède ouvertement à un nettoyage ethnique à l’intérieur de Gaza en forçant les Palestiniens à quitter leur patrie, comme cela s’est produit en 1948, date de la première Nakba. Et pourtant, tout comme lors du premier exode, les mensonges et les tromperies de l’entité sioniste sont repris tels quels par les médias et le récit politique occidental, qui ne peut, encore une fois être taxé de naïveté. Sa responsabilité et sa complicité dans le crime sont avérés et sa culpabilité, pleine et entière.
L’entité sioniste “finit le boulot” qu’elle a commencé il y a 75 ans, dès lors que l’Occident est complètement dépourvu de morale et que son racisme anti-arabe et antimusulmans n’est plus caché. L’objectif est bien clair pour l’entité sioniste comme pour l’occident d’autant que beaucoup d’État arabes sont eux aussi impliqués dans la conspiration avec ou sans normalisation. L’ampleur des crimes ne cesse de devenir de plus en plus grave et la qualification de crimes de guerre de plus en plus accablante d’autant que ces crimes sont récurrents et menés contre d’innombrables cibles civiles et d’établissements abritant des civils voire, des hôpitaux, des écoles, des universités, des mosquées… en effet, 26 des 35 établissements hospitaliers sont hors services, pour avoir été cibles par des bombes, en plus d’avoir été privés d’eau, d’électricité et de carburant. Ces crimes ont révolté des centaines de millions de personnes à travers le monde mais ils laissent de glace les journalistes des médias mainstream occidentaux. Personnel politique occidental et la majorité des journalistes occidentaux sont alignés sur la politique de l’entité sioniste qui leur dicte les mots et les phrases a mettre dans leurs articles et éditoriaux. Ce n’est pas de l’aveuglement involontaire mais une complicité claire et nette que l’histoire retiendra.
L’histoire se répète, comme en 1958, la majorité des politiciens et journalistes de l’establishment occidental les aveugles lorsque la tactique du deux poids deux mesures est inélégante. Tous les éléments indiquent que ce massacre, qui n’a rien à voir avec une guerre puisque celle-ci suppose une certaine égalité des forces alors que l’ennemi sioniste dispose d’une aviation, d’une force blindée, d’une force navale et d’une armée dotée d’une artillerie alors que les Palestiniens n’en disposent pas et luttent avec des moyens préhistoriques comparés à leur ennemi. Comme les desseins sionistes de détruire toutes les infrastructures et tout le bâti à Gaza et de tuer au maximum pour forcer le million de Palestiniens qui restent encore à fuir comme les 1,7 million qui ont dû fuir et vivre sous la voûte du ciel, la complicité occidentale est flagrante, elle aussi.
La violence coloniale et l’apartheid de l’entité sioniste depuis sa création il y a 75 ans suit les mêmes desseins avec un même objectif final de s’étendre du Jourdain au Nile. Alors que les premières phases de cette expansion se sont faites par l’accaparement d’une bonne partie de Gaza suivie des conquêtes opérées lors des guerres de 1967 puis de 1973, et qui ont mis une partie du Liban, de la Syrie (Golan) et de l’Égypte (Sinaï, rétrocédé suite à l’accord de Cap David), l’expansion s’est faite ultérieurement par grignotage successifs, œuvre de colons armes soutenus par l’armée sioniste. Aujourd’hui l’expropriation par grignotage a laissé place à un génocide qui se fait a coups de bombes d’une ou deux tonnes qui rasent des quartiers entiers d’un coup. Plus grave, les États-Unis offrent officiellement leur soutien naval et les autres pays occidentaux s’alignent sur le discours sioniste en dépit du soutien massif des populations occidentales au peuple palestinien et en plus grande partie pour la fin des hostilités tout en condamnant le ciblage, devenu clairement prémédité et intentionnel de centres de santé, d’hôpitaux et d’écoles. Il est clair que l’entité sioniste vise ces centres civils pour tuer les civils et forcer les survivants à quitter Gaza. La complicité des gouvernements occidentaux est pleine et entière, et leurs politiciens savent qu’ils n’ont rien a craindre des gouvernements arabes qui sont dans une veulerie qui fait honte aux peuples arabes.
En 1948, lors de la Nakba, qui signifie catastrophe, 80 % des Palestiniens, ciblés en tant que tels, ont été ethniquement expulsés de leurs terres aussitôt devenue partie intégrante de l’État juif autoproclamé d’ « Israël », le seul état dans l’histoire de l’humanité, après les États-Unis, a prendre les terres de populations indigènes et en faire leur patrie, quoique les aborigènes amérindiens soient reconnus comme Américains et jouissent presque des mêmes droits que les Américains.
Comme les Palestiniens l’ont affirmé à l’époque – et les historiens israéliens l’ont confirmé par la suite à partir de documents d’archives – les dirigeants israéliens ont menti en affirmant que les Palestiniens avaient fui de leur plein gré, sur l’ordre des États arabes voisins. Comme les historiens l’ont également découvert, les dirigeants israéliens ont menti lorsqu’ils ont affirmé qu’ils avaient supplié les 900 000 Palestiniens vivant à l’intérieur des frontières du nouvel État de rester et, plus tard, les 750 000 Palestiniens contraints à l’exil de rentrer chez eux.
Les archives montrent plutôt que les soldats du nouvel État israélien ont perpétré de terribles massacres pour chasser la population palestinienne. L’opération globale de nettoyage ethnique avait un nom, le Plan Dalet.
Plus tard, les dirigeants israéliens ont continué à mentir en minimisant le nombre de communautés agricoles palestiniennes qu’ils ont détruites : il y en aurait eu plus de 500, rayées de la surface de la terre par les bulldozers et les sapeurs de l’armée israélienne. Paradoxalement, cette procédure était populairement connue des Israéliens sous l’expression “faire fleurir le désert”.
Fait extraordinaire, des universitaires, des journalistes et des hommes politiques occidentaux réputés – ceux qui instruisent le débat dominant – ont ignoré toutes ces preuves de la tromperie et du mensonge israéliens pendant des décennies, même après que des historiens israéliens et des documents d’archives eurent étayé le récit palestinien de la Nakba.
Diverses stratégies ont été adoptées pour dissimuler la vérité. D’éminents observateurs ont continué à colporter des arguments israéliens discrédités. D’autres ont levé les bras au ciel, arguant que la vérité ne pouvait être déterminée de manière définitive. D’autres encore ont déclaré que, même si de mauvaises choses s’étaient produites, des reproches pouvaient être adressés de part et d’autre et que, de toute façon, c’était une excellente chose que le peuple juif ait un sanctuaire (même si les Palestiniens en payaient le prix plutôt que les antisémites et les génocidaires d’Europe). Ces défenses ont commencé à s’effondrer avec l’avènement des réseaux sociaux et d’un monde numérique dans lequel l’information est diffusée plus facilement. Les élites occidentales se sont empressées de mettre fin à toute discussion critique sur les circonstances de la naissance de l’État d’Israël en la qualifiant d’antisémite.
Un espace de plus en plus restreint
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’actuel débat “grand public” sur ce qui se passe à Gaza. Nous assistons à la même déconnexion entre les événements réels et l’élaboration par l’establishment d’un récit pour excuser Israël, sinon que cette fois, nous, le public, pouvons voir par nous-mêmes les faits horribles se dérouler en temps réel. Nous n’avons pas besoin d’historiens pour savoir ce qui se passe à Gaza. C’est en direct à la télévision (ou du moins, pour la version la plus aseptisée).
Rappelons simplement les faits connus. Les responsables israéliens ont appelé à l’éradication de Gaza en tant que lieu de vie pour les Palestiniens, et ont déclaré que tous les Palestiniens sont des cibles légitimes pour les bombes et les balles israéliennes. Les Palestiniens ont reçu l’ordre de quitter la moitié nord de Gaza. Israël a attaqué les hôpitaux de Gaza, derniers sanctuaires des Palestiniens dans le nord. Gaza était déjà l’un des endroits les plus surpeuplés de la planète. Mais les Palestiniens ont été contraints de se réfugier dans la moitié sud du territoire, où ils sont soumis à un “blocus total” qui les prive de nourriture, d’eau et d’électricité. La semaine dernière, les Nations unies ont prévenu que la population civile de Gaza était confrontée à un “risque immédiat” de famine. Israël a maintenant ordonné aux Palestiniens de quitter la majeure partie de la plus grande ville du sud de Gaza, Khan Younis. Les Palestiniens sont progressivement contraints de se serrer dans l’étroit corridor de Rafah, près de la frontière avec l’Égypte. Quelque 2,3 millions de personnes sont entassées dans un espace de plus en plus restreint. La majorité d’entre eux n’ont pas de maison où retourner, même si Israël les laissait repartir vers le nord. Les écoles, les universités, les boulangeries, les mosquées et les églises ont pour la plupart disparu. La majeure partie de Gaza n’est plus qu’un terrain vague. Depuis des années, Israël a pour projet de chasser les Palestiniens de Gaza, leur faire passer la frontière et pour les exiler dans le territoire égyptien du Sinaï.
J.C.