Économie

Washington freine les investissements américains dans l’intelligence artificielle en Chine

Comme stipulé dans un décret signé par le président des Etats-Unis en fin de semaine dernière

Lors d’une tournée dans le sud des Etats-Unis pour vanter sa politique économique et sociale en vue de l’élection présidentielle de 2024, le président américain a signé un décret qui réduit considérablement les investissements dans le développement de l’intelligence artificielle en Chine.

Dans la compétition pour le leadership mondial que se livrent les Etats-Unis et la Chine, c’est une étape importante qui vient d’être franchie. Le président Joe Biden a signé mercredi un décret qui prévoit que les entreprises américaines ne pourront plus investir librement à l’étranger dans les technologies les plus avancées, comme l’intelligence artificielle (IA) ou l’ordinateur quantique, si cela concerne des « pays problématiques », comme la Chine. Pékin a immédiatement adressé une protestation « solennelle » par la voie diplomatique. « La Chine est extrêmement mécontente et s’oppose fermement à l’insistance des Etats-Unis à introduire des restrictions sur les investissements en Chine », a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères dans un communiqué.
Cette décision, prise au nom de la défense « de la sécurité nationale » américaine, répond à la crainte de l’administration Biden de voir la Chine profiter des investissements américains en terme de transfert de technologies mais aussi via de l’accompagnement dans la mise en place de lignes de production, des échanges de connaissances et d’accès aux marchés. Au même moment, Joe Biden était au Nouveau-Mexique pour vanter sa politique industrielle, et assurer le service après-vente de ses deux grands plans d’investissements, dont le « CHIPS and Science Act », qui fête son premier anniversaire, et doit ramener sur le sol américain la fabrication des semi-conducteurs. « Où est-il écrit que l’Amérique ne peut plus être première de nouveau dans l’industrie manufacturière? Parce que c’est exactement ce que nous allons faire », a promis le démocrate de 80 ans, qui brigue un second mandat à la Maison Blanche. Son autre plan d’investissements, l’« Inflation Reduction Act » (IRA), est un pharaonique projet de transition énergétique promulgué le 16 août 2022. A chaque fois, la même logique: faire couler à flots les subventions, multiplier les incitations fiscales afin d’encourager la production et le développement, aux Etats-Unis, aussi bien des voitures électriques que des semi-conducteurs du futur. Cette politique de souveraineté industrielle décomplexée bouscule les alliés traditionnels des Etats-Unis. Tant pis, car Joe Biden a d’autres priorités. Sur le plan national, il lui faut regagner, au moins en partie, le vote ouvrier capté par son prédécesseur Donald Trump. Sur le plan diplomatique, la priorité est de tenir tête à la Chine, à tous les niveaux: militaire, économique, technologique. Au Nouveau-Mexique, Joe Biden a inauguré la construction d’une ligne de fabrication de tours éoliennes du groupe Arcosa, qui prend le relais d’un fabricant de vaisselle jetable et d’une usine de structures plastiques qui ont fait faillite. « Quand je pense climat, je pense emplois. Je ne pense pas à tous les dangers, (…) mais aux emplois (créés) pour remédier au problème », a déclaré le président. Le président américain, après une étape mardi au Grand Canyon portant plutôt sur l’environnement, s’est consacré cette fois à l’emploi et l’économie, autres sujets incontournables dans la perspective de l’élection présidentielle de 2024. L’exécutif américain assure que depuis la signature de l’IRA quelque 110 milliards de dollars d’investissements dans les énergies propres ont déjà été annoncés aux Etats-Unis. Il évalue à plus de 166 milliards de dollars les investissements dans la production de composants électroniques dans les technologies de pointe dus au « CHIPS and Science Act ». Le démocrate, handicapé auprès des électeurs par son âge, sait que son destin électoral se joue autant dans les usines que dans les tribunaux. Volubile sur sa politique économique et sociale, le président américain reste obstinément muet sur les affaires judiciaires de celui qui a toutes les chances d’être à nouveau son rival en 2024, Donald Trump. Les sondages, certes peu significatifs à plus d’un an du scrutin, donnent jusqu’ici les deux hommes au coude à coude, en dépit des inculpations qui s’accumulent pour le milliardaire républicain.
R.E.

 

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